Décryptage Comprendre la méthode des chuchoteurs

Les grands maîtres de l'équitation académique pratiquaient un langage ésotérique. Les nouveaux maîtres quant à eux ont tendance à le simplifier à l'extrême. Michel Macé, un comportementaliste, décrypte pour nous ce nouveau langage C'était l'époque de " l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux ", des premiers articles sur les " nouveaux maîtres " et des chuchotements en tout genre. Michel Macé dès cet instant va se poser une question : courir de gourou en gourou, de livre en livre peut-il nous conduire à vivre pleinement une complicité avec nos chevaux ? Dès lors, Michel Macé va tenter de se détacher du paraître, écarter gloire et vanité afin de concilier humilité et efficacité. Homme de terrain, si son cœur va vers les chuchoteurs et autres " nouveaux maîtres ", même s'il emploie une terminologie qui leur est proche et, donc parfois inexact, il n'en tente pas moins de rapprocher le monde des scientifiques, les éthologues pour ne pas les citer, et celui beaucoup plus médiatique des chuchoteurs. Selon lui, l'équitation traditionnelle est issue d'une rigueur toute militaire. Elle était certes justifiée en son temps, mais aujourd'hui, considère-t-il, les cavaliers cherchent autre chose. Pour s'en convaincre, il suffit de constater la désaffection de nombre de clubs et l'engouement parfois injustifié de cette nouvelle approche. Pour beaucoup, l'équitation des chuchoteurs n'a rien de nouveau. Tout a déjà été dit ou fait, en particulier par de grands hommes de cheval. Mais alors, s'interroge-t-il, pourquoi tant de cavaliers semblent blasés de ne pas pratiquer une équitation de loisir où le mot " loisir " est une réalité ? C'est certain, constate-t-il, il y a des similitudes entre ce que proposent les anciens et les nouveaux maîtres. C'est normal, le cheval n'a pas changé et l'homme non plus. Par conséquent, l'expérience et le tact des " hommes de cheval " finissent immanquablement par déboucher sur les mêmes conclusions. Ce qui change par contre, ce sont les explications qui permettent d'aboutir à ces mêmes conclusions. Le bon sens humain n'est pas le bon sens équin ! Aux yeux de beaucoup de cavaliers, il suffit de bon sens pour que " tout soit au mieux dans le meilleur des mondes possibles ". Seulement voilà, constate Michel Macé, le bon sens humain n'est pas le bon sens équin ! De ce fait, la philosophie que sous-entends et que met en pratique Michel Macé, c'est qu'il faut accepter que le cheval soit un être qui pense, mais surtout différemment de nous les humains. Plus que la gestuelle, c'est notre comportement, c'est-à-dire notre façon de nous conduire, qui permet à lui seul d'établir la communication. Cette différenciation est fondamentale aux yeux de Michel Macé, qui estime par ailleurs que pour le cheval, la notion de meneur n'est pas dévolue à un individu unique mais multiple. Elle varie en fonction de la situation ou de l'aptitude de tel ou tel individu. Elle est néanmoins essentielle car, sans cette notion, aucune éducation ne serait possible. C'est d'ailleurs là un des points qui, à notre point de vue, est le plus intéressant dans la démarche qu'il préconise. Elle a beau être évidente si nous nous donnons la peine de réfléchir, elle n'en est pas moins le plus souvent occultée. Le langage comportemental est en quelque sorte le " courant électrique " qui permet que tout fonctionne. Il ne faut en aucun cas le confondre avec le langage gestuel. Trop de personnes font un amalgame des deux concepts, ce qui rend souvent les choses difficiles à comprendre. En d'autres termes, ce n'est pas l'action qui est primordiale mais l'intention qui la motive. Tout le monde sait que la vérité se trouve dans le langage comportemental, bien que notre éducation s'efforce d'en faire abstraction. Exemples ! Nous savons que le sourire commercial n'est pas forcément sincère. De même, un corps noué, des épaules rentrées traduisent un mal être ou de l'inquiétude. Pour bien comprendre toute la subtilité de cette forme de langage, Michel Macé prend l'exemple d'une claque. Imaginons que nous recevions une claque, nous explique-t-il, si c'est par inadvertance, la personne ne l'aura pas fait exprès et nous ne considérerons pas comme agressé. Mais si nous recevons une claque agressive ou de colère, la force sera la même mais le ressenti sera complètement différent. Ce sera donc le comportement de la personne qui donne la claque qui fera toute la différence. Quand les éthologues s'éloignent des concepts des chuchoteurs La notion de l'homme, considéré comme un prédateur par le cheval, revient souvent dans le discours des chuchoteurs. C'est une hérésie. Les éthologues, en se basant sur des études scientifiques, contestent totalement ce point de vue. Il est facile de constater de nos propres yeux qu'un cheval n'ayant jamais eu de rapport avec l'homme est naturellement prédisposé à s'en rapprocher. En réalité comme le souligne Michel Macé, il s'agit là d'un raisonnement typiquement humain. En fait le cheval à peur de tout ce qu'il ne connaît pas et le fait que nous soyons un prédateur potentiel ou une proie n'a aucune incidence sur son comportement. Autre facteur sur lequel Michel Macé mais le doigt et qu'il considère comme une des clefs de la réussite de tout apprentissage, est le fait que le cheval ne se projette pas dans l'avenir. Nous vivons le présent en fonction du futur alors que le cheval vit le présent en fonction du passé, considère-t-il. Il s'agit donc de lui apprendre les choses de telle sorte qu'elles se retrouvent rapidement dans son passé, et ce de façon positive.

Propos de Michel Macé recueillis par JN Weymans.


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